Portrait des Sumériens
Sumer était une région de la Mésopotamie antique (soit environ l'actuel Irak) qui s'est dévelopée entre - 3500 et -2000 ans.
Totalement oubliée au début de notre ère, cette civilisaton fut redecouverte par hasard au XIXe siécle lors de fouilles archéologiques dans ce secteur. Ces fouilles ont permi la découverte de dizaines de milliers de tablettes, jusque là la plu ancienne documentation écrite avec celle de l'Égypte antique.
On attribue aux Sumériens de nombreuses innovations telles que l'écriture, l'apparition de premiers États avec leurs institutions et administrations, les premières sociétés urbaines ou encore le développement de différentes techniques notamment agricoles, métallurgique, mathématique et de construction.
Le pays de Sumer, situé au sud du delta formé par le Tigre et l'Euphrate, s'étalait sur environ 30 000 km² durant le IIIé millénaire. À cette époque, le climat était déjà aride et les reliefs extrémments plats. Les villes sumériennes sont également bordées d'espaces humides et marécageux, contrastant avec les marges désertiques de la région.


Portrait d'un Sumérien
Les chercheurs et historiens du XIXe siécle ont cherché à définir l'apparence d'un Sumérien lambda grâce à l'art : ils auraient donc eu l'habitude de raser leur cheveux et leur barbe à la différence des peple sémites, leurs voisins avec qui ils cohabitent en harmonie, qui eux, étaient chevelus et barbus. En effet, sumériens et divers peuples sémites (comme les Akkadiens par exemple) vivent en symbiose pour former une seule et grande civilisation Mésopotamienne.
De plus, même s'il est sur que ces différents peuples parvenaient à communiquer entre eux, la langue sumérienne ne fait parti d'aucune famille de langue connue et cette particularité à rendue complexe les traductions des tablettes découvertes pendant plusieurs décennies. Il semblerait que le sumérien est cessé d'être parlé autour de - 2000 ans, probablement suite à la colonisation des Babylonniens.
Pour aller plus loins --> par ici.
Le dessin de E. Wallcousins ci-contre représentant un sumérien provient de l'ouvrage Myths of Babylonia and Assyria de D. MacKenzie.
Ce qui rend réellement passionnant l'étude de l'histoire des Sumériens, c'est qu'en découvrant les événements qui l'ont façonné, c'est en réalité à la genèse de l'histoire de toute l'humanité que nous assistons. Nous sommes spectateurs de la naissance de la civilisation.
I. La préhistoire
On appelle préhistoire la période qui s'intéresse à l'époque de la civilisation sumérienne où l'écriture comme outil de l'histoire n'avait pas encore fait son apparition. C'est donc presque exclusivement par l'archéologie que les historiens ont été capables de reconstituer la préhistoire de ce peuple. Quant à l'écriture, elle ne vit le jour que vers la fin du proto-littéraire (voir ci-dessous) sous forme de tablettes composées de 'signes-dessins' (ou pictogrammes) présentant des comptes !


Exemple de pictogramme du proto-littéraire

On divise généralement la préhistoire sumérienne en 5 ou 6 grandes périodes : Obeid I (ou la période d'Eridu), Obeid II (ou Hajji Mohammed), Obeid III et IV (ou Obeid récent), Uruk et Jemdet Nasr. Les 4 premières périodes portent toutes le nom d'Obeid parce qu'elles font référence au site archéologique où furent découverts les objets culturels qui permirent d'étudier les implantations de population sumérienne à ces époques reculées (photo ci-contre). Les principales différences que l'on peut observer entre les objets de ces 4 périodes préhistoriques se trouvent surtout dans le style et la couleur de la peinture des poteries.
Quant aux périodes d'Uruk et de Jemdet Nasr, elles doivent leur nom aux villes-phares qui dominèrent leur époque respective.
A. La période du proto-littéraire ou les balbutiements de l'urbanisation et de l'écriture
Caractérisée à la fois par une véritable explosion créative et une croissance économique jamais égalée en Mésopotamie, les début du proto-littéraire furent marqués par les colonisations massives des régions nord de Sumer, aux alentours de Nippour et d'Abu Salabikh (voir carte ci-contre).
Au début de la période d'Uruk, les populations étaient réparties en petits villages isolés. Mais à partir de -3500, les colonies du sud et du nord ont été abandonnées et les populations se sont rassemblées au centre, autour de la ville d'Uruk, à cause de nombreuses menaces extérieures. En effet, les populations nomades vivant dans les régions désertiques environnantesde lancérent de plus en plus de raids et d'attaques envers les villages prospères de Sumer. Plus en sécurité tous ensemble au centre du pays qu'en petit comité aux frontières, la concentration de population en complexes urbains a vraisemblablement favorisé les grandes innovations culturelles telle que l'architecture par exemple avec la construction de temples monumentaux ou encore dans l'art et la culture avec l'apparition de l'écriture en -3000, marquant ainsi la fin du proto-littéraire et de la préhistoire Sumérienne.

B. Les débuts des conseils d'état
Née sous la pression des attaques des tribus nomades voisines, la "ligue de Nippour" était une alliance regroupant toute les grandes villes de Sumer. Tous les chefs de ville se réunissait en assemblée à Nippour pour se concerter sur les actions de défense à mettre en place. C'est là le prémice de ce qui ressemble à un conseil d'état.
Ii. L'HISTOIRE
La période des dynasties archaïques se divise en trois sous-périodes, mais ce n'est qu'avec la troisième dynastie que l'histoire Sumérienne commence vraiment : c'est l'apparition des vraies premières tablettes. En effet, les deux dynasties précédentes sont surtout connue à travers des épopées légendaires et donc des récits historiques souvent considérés comme peu fiables (libre à chacun) : c'est pourquoi cette période semi-obsucre est appelée "l'âge héroïque de Sumer".
À partir de la première dynastie, les villages ont disparus pour devenir des villes beaucoup plus grandes avec une population concentrée et des murs d'enceinte massifs entourant ces villes pour assurer leurs protections.

A. L'empire d'Akkad
La période des cités-États archaïques s'achèva par leurs unifications vers -2340 par Lugal-zagesi puis par son vainqueur Sargon d'Akkad, venu de Kish, donc d'un pays sémite (qu'on peut désormais qualifier d'« akkadien »). Ce grand conquérant fonda ce qui est considéré comme le premier empire, l'empire d'Akkad, exerçant sa domination sur toute la Mésopotamie. Ses successeurs, en particulier son petit-fils Naram-Sîn, poursuivirent son entreprise en étendant ses conquêtes vers la Syrie et le plateau Iranien et en procédant à des réformes administratives visant à unifier les territoires qu'ils dominaient. Cela n'alla pas sans heurts, puisque les rois d'Akkad durent faire face à plusieurs révoltes, provenant parfois du cœur de leur empire.
Les rapports entre la nouvelle élite dominante, à majorité akkadienne, et les Sumériens désormais plus indépendants politiquement, sont débattus : certains chercheurs estiment qu'il y a eu une forme d'opposition à base ethnique. La séparation entre le nord et le sud de la Basse Mésopotamie, les pays d'Akkad et de Sumer, se reflète en tout cas dans le domaine ethnique, et sans doute aussi social et culturel, même si elle ne généra pas forcément de tensions. Les anciennes cités-États sumériennes étaient devenues des provinces dans l'empire, dont elles étaient le pilier de la prospérité économique, placées sous la coupe des gouverneurs servant les rois d'Akkad.

B. La période néo-sumérienne et la trosième dynastie d'Ur
L'empire d'Akkad s'effondra un peu après - 2200, pour des raisons encore mal déterminées. La tradition mésopotamienne rapportait que le coup de grâce fut porté à Akkad par un peuple « barbare » venu des montagnes de l'Est, les Gutis. Ceux-ci ne purent en tout cas jamais dominer tout Sumer et Akkad, où émergèrent de nouvelles dynasties indépendantes, surtout connues par le cas de Lagash où la nouvelle lignée de rois était dominée par la figure de Gudea (figurine ci-contre), qui patronna de nombreuses rénovations de temples et des œuvres d'arts. Vers la même période se produisit l'ascension du roi Utu-hegal d'Uruk, qui aurait soumis les Gutis. Il fut ensuite supplanté par un certain Ur-Nammu, sans doute son frère, qui établit une nouvelle dynastie à Ur, la troisième dynastie d'Ur. Ce roi et son fils et successeur Shulgi constituèrent dans les premières décennies un puissant empire qui domina la Mésopotamie et la frange occidentale du plateau Iranien. La réorganisation administrative qui eut alors lieu aboutit pendant quelques années à la mise en place d'un système souvent qualifié de « bureaucratique », dans lequel l'administration impériale tenta d'exercer un contrôle poussé des ressources matérielles et humaines à sa disposition. Elle a produit des dizaines de milliers de tablettes administratives qui font de cette période la mieux documentée de l'histoire sumérienne.

Le fait que la domination des rois d'Akkad fût suivie de l'essor de dynasties issues des cités sumériennes (Lagash, Uruk, Ur) prospères économiquement et produisant de remarquables réalisations artistiques, architecturales et littéraires a fait que la fin de ce millénaire a parfois été caractérisée comme une « renaissance sumérienne », réaction à l'indépendance acquise face aux Akkadiens.
Extension de l'empire Akkadien sous le règne de Naram-Sin
C. La fin des Sumériens
La troisième dynastie d'Ur s'effondra vers -2004, après une période de crise et de fragmentation politique, à la suite d'une offensive menée par les Élamites. Cette chute profita particulièrement aux amorrites, population sémite venue de Syrie, qui installèrent des dynasties dans différentes villes de Sumer et d'Akkad, les deux comme Isin et Larsa. Durant les deux premiers siècles du IIe millénaire av. J.‑C., le sumérien s'est perdu jusqu'à devenir une langue morte (cela à peut-être commencé dès la période de la troisième dynastie d'Ur, mais cela est encore très débattu). Les grandes villes du pays de Sumer (en premier lieu Nippur et Ur) restèrent les conservatoires de cette langue, et c'est de cette période que datent la majorité des sources documentant la littérature en langue sumérienne. Ces villes semblent avoir conservé une identité propre, qui ressortit encore au début de la période de domination de la première dynastie de Babylone (au XVIIIe siècle av. J.-C.) quand elles participèrent à des révoltes qui précédèrent une crise grave voyant leur abandon pour quelques siècles. Les élites lettrées des villes de Sumer migrèrent alors dans plusieurs cités du pays d'Akkad où elles poursuivirent leurs traditions. Quand les villes désertées se repeuplèrent dans la seconde moitié du IIe millénaire av. J.‑C. sous la dynastie kassite de Babylone, il n'y avait plus de pays de Sumer ou de Sumériens.

Reconstitution de la Ziggourat d'Eridu (3000av JC).

Reconstitution de la Ziggourat d'Ur en synthèse
L'organisation Sumérienne
Ce qui caractérise l'organisation politique sumérienne, c'est son organisation "à la grecque".
En effet, le pays de Sumer était subdivisé en zones d'influence se structurant autour de quelques villes-phares, telles que Ur, Eridu, Lagash, etc... Ainsi, la société sumérienne reflétait une organisation où les villages se concentraient autour de villes plus grandes. Ces regroupements constituaient des zones d'influence ou cités-Etats. Chacune de ces villes possédait sa propre ziggourat. Celle-ci contenait les administrations gouvernementales ainsi qu'un temple situé au dernier étage.
En règle générale, ces villes étaient dirigées par un conseil de sénateurs ou de soldats, lui même sous la direction d'un chef qui faisait aussi office de prêtre. Plus tard, ces chefs deviendront des rois considérés comme les vice-régents du dieu principal de la cité.
En fait, il faudra attendre l'ascension politique des Akkadiens vers 2300 av JC pour voir un contrôle centralisé de la région. C'est à ce moment que la notion d'empire verra le jour.
Quant à l'économie sumérienne, elle reposait sur un système de taxation des villages en fonction de leurs surplus agricoles. Cette taxation avait été mise en place pour aider les classes dirigeantes des villes dans leur programme de travaux publics, notamment ceux consacrés à l'irrigation.
III. La société
Les textes sumériens révélaient aussi les inégalités sociales pour les dénoncer : c'est ce que fit le premier le souverain Urukagina de Lagash, dont une série d'inscriptions condamne les abus des plus riches sur les plus faibles. En effet, les inégalités sociales étaient nombreuses, notamment à cause de la hiérarchie sociale.
La famille du souverain profitait plainement de la position de celui-ci puisque les reines et les enfants disposaient de domaines importants et de positions privilégiées dans la hiérarchie administrative et religieuse ; il était ainsi courant que des fils et filles de roi deviennent grand-prêtres de sanctuaires majeurs du pays sumérien. Venaient ensuite les ministres et les administrateurs de temple qui avaient alors accès aux richesses, comme des terres, souvent concédées en guise de rémunération. Ce groupe des élites reposait sur les chefs des familles les plus riches, qui dirigeaient les affaires de leur groupe. Les plus privilégiés pouvaient contracter des alliances matrimoniales avec la famille royale, ou à défaut les autres grands dignitaires.
Les Instructions de Shuruppak, texte de sagesse contenant des conseils destinés à un fils de bonne famille, prescrivait de bien prendre en charge la maisonnée, de respecter l'autorité des pères tout en prenant bien soin de toute la famille.
Les classes populaires du pays sumérien, encadrées par les représentants des derniers échelons de l'élite (contremaîtres, chefs d'équipes de labours, etc.), étaient en majorité employées par les institutions. En contrepartie, ils recevaient des terres à cultiver et pouvaient conserver une partie de la récolte. Cependant, tout le monde n'était pas aussi bien loti : un premier groupe se trouvait dans une dépendance économique qui semble totale, puisqu'il travaillait en permanence pour les institutions et recevait uniquement des rations. Un autre groupe semble n'avoir été quant à lui que partiellement dépendant des grands organismes, pour lesquels il ne travaillait que quelques mois durant l'année, devant sans doute disposer à côté de cela de ses propres ressources. D'autres travaux effectués pour le compte des organismes « publics » semblent relever de la corvée (curage de canaux, constructions de bâtiments publics, etc.).
Pire, une tablette exhumée à Shuruppak datée de -2600, s'est révélée être un contrat de vente d'esclave. En effet, l'esclavage était présent en pays sumérien, mais ne semble pas avoir été importante en terme de volume. Les propriétaires des esclaves pouvaient être des particuliers ou bien des institutions. Ils pouvaient les vendre, les offrir, les louer, les mettre en gage et les transmettre en héritage à leurs successeurs. Plusieurs contrats de vente d'esclaves sont connus. Ils documentent souvent leur « création », qui semblait généralement résulter de l'endettement d'un chef de famille qui était alors contraint de vendre un membre de sa famille (son fils, sa fille, son épouse, sa sœur). Les esclaves des institutions pouvaient aussi être des prisonniers de guerre. Le premier type disposait de la possibilité de se marier, y compris avec des personnes libres, et d'avoir ses propres biens et terres, qui restaient cependant en dernier lieu la propriété du maître. Un esclave avait la possibilité de racheter sa liberté, mais devait alors quand même rester au service de son ancien propriétaire, et pouvait être affranchi.
L'urbanisme
Le pays de Sumer fut l'une des premières régions du monde à expérimenter le phénomène urbain. Lors de la croissance urbaine durant la fin de la période d'Uruk, des sites comme Uruk et Lagash dépassaient alors les 400 hectares ! Il a aussi été estimé que durant la première phase de la période des dynasties archaïques plus de 70 % de la population de la région de Nippur vivait dans des agglomérations , et il devait en aller de même dans les autres régions : la société était donc très urbanisée. Peu commun mais pas anormal, des taux aussi important de concentration urbaine ont été observé par exemple en Grèce.
À quoi ressemblait ces premières villes ? Force est de constater que la documentation ne permet pas d'en dresser un panorama complet.
Ce qui est sur, c'est que les villes étaient protégées par de grandes murailles et étaient traversées par des canaux servant entre autre d'axes de communication. À l'intérieur, l'organisation des quartiers ne semblait pas répondre à une logique "standard": le quartier pouvait alors être organisé autour d'une famille plus riche dont les serviteurs travaillent à côté, ou bien suivant une logique familiale, les voisins appartenant tous à un même lignage, ou bien être liés par l'exercice d'une même activité.

Les familles Sumérienne était des familles nucléaires, comme les occidentale basées sur le mariage. Celui-ci était négocié au préalable entre les parents des futurs époux, et formalisé lors de fiançailles par une prestation de serment. La famille du promis offrait des présents à celle de la promise, sans doute pour servir de garantie au cas où le fiancé n'honorait pas sa promesse ; à ce stade, l'union pouvait en effet encore être annulée, mais cela supposait des compensations. Le mariage était prononcé lors d'une cérémonie durant laquelle les mariés recevaient des présents, au moins durant les périodes anciennes. En tout état de cause, sa consommation devait le rendre définitif. Le mariage pouvait être annulé à l'initiative de l'époux, contre compensation financière à sa femme si cette demande était considérée comme sans fondement par le tribunal qui l'avait étudiée, c'est-à-dire que le divorce ne résultait ni de l'adultère, ni de la non-consommation du mariage. Bien que les familles fut pour la plupart monogames, il était possible pour l'époux de prendre une concubine et plus rarement une épouse secondaire, avec l'approbation de la première femme.
Au sein de la famille, le père était le détenteur de l'autorité, mais cela n'empêchait pas une femme mariée de conclure des contrats en association avec son époux ou bien seule. Les femmes pouvaient opérer en justice, témoigner devant un tribunal, disposer de leur propre propriété et les veuves devenaient même les chefs des maisonnées tant que leurs enfants étaient mineurs ; mais à moins d'appartenir à une famille riche disposant de propriétés et donc d'une autonomie économique, ces femmes-là étaient dans une situation vulnérable et devaient se mettre dans la dépendance d'une institution pour recevoir de quoi subvenir à leurs besoins. Surtout, toutes les femmes n'étaient pas mariées ou veuves : les prostituées constituaient une catégorie à part, mais il semble bien qu'il ait existé d'autres femmes indépendantes d'une maisonnée et devant donc subvenir par elles-mêmes à leurs besoins. Il ne faut de toute manière pas considérer que les femmes sumériennes aient été cantonnées à la sphère domestique, même si cela restait une part majeure de leurs activités, car il était courant d'en trouver travaillant en dehors d'un cadre privé, notamment dans les ateliers des institutions.
On estime souvent que la situation féminine dans la société sumérienne était plus enviable que celle de leurs descendantes des périodes ultérieures de l'histoire mésopotamienne, qui auraient subi une dégradation de leur condition à partir du début du IIe millénaire av l'an 0. Il est en tout cas manifeste qu'à toutes les époques de l'histoire mésopotamienne les femmes ont eu une place secondaire par rapport aux hommes.
Les enfants issus du mariage avaient tous droit à une part du patrimoine de la famille. À la mort du père, ses fils se partageaient ses biens, sans doute avec une portion privilégiée pour l'aîné. Ce dernier reprenait en principe le métier de son père et sa position dans la hiérarchie institutionnelle, quelle que soit l'activité concernée. Les cadets adoptaient également le métier de leur père, puisqu'ils avaient été en général formés par celui-ci pour l'exercer. L'héritage était donc comme souvent plus large qu'une simple affaire de patrimoine, car il impliquait la perpétuation des activités, du statut et des relations de la famille. De leur côté, les filles avaient normalement reçu leur part lors de leur mariage avec la dot qui leur a été confiée, mais en l'absence de fils elles pouvaient être désignées héritières par leur père. S'il n'avait aucun descendant, c'était son frère qui pouvait prendre son héritage, puis des parents plus lointains. Il était également possible de recourir à l'adoption pour disposer d'un héritier. L'importance de l'enfantement se voit également dans l'existence de divers rituels destinés à protéger les femmes en couche, soumises à de nombreuses complications pouvant mettre en péril leur vie et celle des enfants à naître et nouveau-nés.
Différents poèmes évoquent les relations tumultueuses entre la déesse Inanna et le dieu Dumuzi, parcourant différents aspects des passions amoureuses : désir, amour physique, mais aussi les disputes et la rupture. Des hymnes de la période d'Ur III liés au thème du « mariage sacré » ont une forte teneur érotique, comme ceux dans lesquels une femme évoque le désir qu'éveille en elle la vue du roi Shu-Sîn. D'autres mythes reflètent quant à eux l'amour fraternel, comme celui entre Dumuzi et sa sœur Geshtinanna. Enfin, plusieurs hymnes sont en lien avec les relations entre parents et enfants : la crainte des complications liées à l'accouchement, la volonté d'une mère de voir son jeune fils grandir et devenir quelqu'un de beau et d'accompli, l'amour d'un fils adulte envers sa mère dont il est éloigné.

Résidence d'Ur, appartenantdu marchand Ea-nasir au début du XVIIIe siècle av. l'an 0. Fonctions estimée des salles : 1. vestibules ; 2. espace central ; 3. couloir menant à un escalier permettant d'accéder à l'étage ; 4. pièce d'eau ; 5. salle de réception ; 6. chapelle.
Les résidences
L'urbanisation s'accompagna de l'apparition d'un modèle dominant de résidences, celui de la maison à espace central. Les formes et la taille des résidences étaient diverses. Dans les plus vastes, on peut repérer des espaces de stockage, des pièces de réception, ou des salles à coucher et parfois des salles d'eau. L'espace central devait servir pour les activités principales de la famille. Il est possible que certaines maisons aient eu un étage. Les toits étaient sans doute plats, en terre battue ou couverts de nattes de roseaux. D'autres espaces renvoient au fait que la famille avait aussi un aspect religieux : certaines demeures semblent avoir eu des petites chapelles pour accomplir des rites domestiques, tandis que d'autres avaient sous leur sol des caveaux abritant les corps des défunts de la famille qui y habitait, entretenant ainsi la proximité entre morts et vivants de la lignée, qui était rappelée lors de l'exécution de rites funéraires pris en charge par le chef de famille. Les métiers étaient sans doute parfois exercés dans les maisons.
IV. Les activités économiques
A. L'agriculture et la culture
Le milieu naturel sumérien n'était pas vraiment favorable à l'agriculture : des sols pauvres et élevés en sels, des températures très hostiles, de très faibles précipitations insignifiantes, et des crues des fleuves venant au printemps, au moment des moissons, et non pas à l'automne quand les graines en auraient besoin, comme c'est le cas en Égypte. Ainsi, les communautés paysannes élaborèrent un système d'irrigation en profitant de l'extrême platitude du relief du delta mésopotamien qui ne comportait aucun obstacle naturel à l'extension des canaux d'irrigation. En régulant le niveau des eaux pour l'adapter aux besoins des cultures, et en mettant au point des techniques limitant la salinisation des sols (lessivage des champs, pratique de la jachère), il fut possible d'obtenir des rendements céréaliers relativelment élevés et constants, car non soumis aux aléas des précipitations.
Ainsi, les cultures dominantes étaient les céréales, particulièrement l'orge, plus adaptée aux sols pauvres et au climat aride, et le blé. Les Sumériens cultivaient également du lin, du sésame, ou de divers légumes et cucurbitacés (pois chiches, lentilles, oignons, etc.) en plus des arbres fruitiers (grenadiers, figuiers, pommiers, etc.). Les paysans sumériens plantaient les palmiers-dattiers sur de nombreuses parcelles, car ils en tiraient de forts rendements et qu'ils pouvaient profiter de leurs ombrages bienfaisants pour faire pousser une grande variété de légumes et de fruits à leurs pieds. La base de l'alimentation était donc constituée de dérivées des céréales (différentes variétés de pains et galette, bière), de fruits et de légumes.
B. L'élevage
Les élevages dominants étaientt celui des ovins pour leur laine, des caprins pour le lait, de même que les bovins. Ces derniers étaient élevés avant tout pour leur force de travail, mobilisée pour les travaux des champs et la traction de chars. L'âne était l'animal de bât principal. La viande des animaux d'élevage était destinée avant tout aux élites et aux dieux. La chasse et la pêche étaient des compléments appréciables pour diversifier la nourriture. Elles étaient en particulier pratiquées dans les nombreux espaces marécageux du Sud mésopotamien, où on récoltait également des roseaux utiles afin de réaliser un grand nombre d'objets et des constructions.
C. L'artisanat
Avec le développement des sociétés urbaines et étatiques de la Basse Mésopotamie, l'artisanat s'est diversifié. Les artisans sumériens avaient à leur disposition une grande variété de matériaux : la plus importante ressource du Sud mésopotamien était l'argile (employé pour diverses réalisations : briques, poteries, outils, statuettes, etc.), les roseaux des marécages (pour les construction de palissades, huttes, bateaux, etc.) ou encore la vannerie. Les arbres poussant dans la région (palmiers-dattiers, peupliers, tamaris, etc.) étaient également employés dans les constructions et les fibres végétales étaient utilisées dans le textile. Quelques carrières de calcaire furent exploitées pour la construction d'édifices. Le bitume, extrait dans le Sud, était employé pour étanchéifier des objets ou des murs, ou encore pour servir de colle. Les artisans transformaient également ce que fournissaient des animaux : os, nacre, laine, poils, peaux, lait, etc.
Les produits importés étaient surtout des pierres et des minerais qui ne se trouvaient pas en Mésopotamie. Pour les réalisations d'objets d'art, des pierres dures et des pierres fines comme l'albâtre, la chlorite, la diorite, la cornaline, l’agate, le lapis-lazuli étaient fournis aux artisans sumériens. Dans le domaine de la métallurgie, le métal le plus courant était le cuivre, aux côtés de l'or, de l'argent, du plomb, de l'arsenic et de l'étain.
Les principales activités artisanales étaient la réalisation de poteries, la métallurgie et l'artisanat textil qui employait des milliers de tisserandes. Vraisemblablement, c'est la production sumérienne qui s'exportait le plus dans les régions voisine.
D. Les échanges de biens
Les échanges sumériens répondaient à une logique de redistribution : les institutions centralisaient les productions pour ensuite leur restituer collectivement sous la forme de rations qui servaient de rémunération ; au niveau étatique le pouvoir central pouvait également prélever des productions des institutions puis les réattributer à d'autres suivant leurs besoins. Il faut également prendre en compte le fait qu'une partie (non quantifiable) de la production agricole était consommée par ceux l'ayant produite (autoconsommation), donc non placée dans les circuits d'échanges. De façon plus marginale, d'autres échanges étaient de type réciproque, en particulier les présents faits entre cours royales (logique du don et du contre-don). Cela n'exclut pas l'existence d'opérations commerciales privées, comme des prêts.
Ces échanges étaient de type terrestre ou de type maritime, le golfe Persique devenant un espace d'échanges majeur au IIIe millénaire, avec le développement du pays de Dilmun (Bahreïn) qui servait de port de transit. Il convient également d'évoquer les modes de transports employés par les Sumériens. Si ce peuple est couramment crédité de l'invention de la roue, le seul véhicule de trait attesté était une sorte de traineau. Son introduction a induit l'apparition du char tracté par des bovins ou des ânes. Ce dernier fut d'ailleurs domestiqué durant la période d'Uruk, offrant là encore de nouvelles perspectives dans les transports de marchandises. Il devint l'animal de bât privilégié de la Mésopotamie antique. Les bateaux, utilisés pour les déplacements fluviaux ou maritimes, étaient en bois ou en roseau. Certains navires marchands ont pu atteindre un capacité de port de 100 tonnes, même si les plus courants ne dépassaient sans doute pas la vingtaine.


V. La religion
Les Sumériens vénèrent une foule de divinités qu'ils considéraient comme leurs créateurs, décidant de leur destinée.
Il est relativement difficile de distinguer une religion proprement « sumérienne » d'une religion « mésopotamienne ». Deux des plus grands découvreurs de la religion Sumérienne, Samuel Noah Kramer et Thorkild Jacobsen, avaient des points de vus divergents concernant la nature de celle-ci : le premier étudiait avant tout la religion comme révélant les origines des croyances occidentales, tandis que le second la voit plutôt comme exotique, appartenant à un monde disparu et difficile à saisir. Pour plus de détails sur le mythe, allez voir notre article sur les Annunakis.
A. Le culte divin
Les pratiques culturelles les plus courantes consistaient en des offrandes aux divinités. En dehors du culte ordinaire, des fêtes religieuses avaient lieu à des intervalles réguliers, suivant les différents calendriers liturgiques des villes sumériennes, au cours desquelles les offrandes et célébrations se devaient d'être fastueuses. Plusieurs de ces fêtes étaient marquées par des pèlerinages attirant les fidèles et des voyages des statues divines sur leurs véhicules sacrés. Le culte était généralement pris en charge par les institutions, en premier lieu les temples eux-mêmes, et supervisé par les autorités politiques, rois et gouverneurs. Tout cela servait à accomplir le devoir collectif des hommes envers leurs créateurs et maîtres. D'autres offrandes, avaient une finalité plus individuelle, visant à attirer les bons auspices des dieux. La piété personnelle se retrouve également dans les différentes prières adressées aux dieux connues par des textes. Les membres des élites étaient les plus actifs dans le culte, comme l'indiquent leurs offrandes votives, ainsi que les redistributions des offrandes accomplies après leur présentation aux dieux, dont ils étaient les premiers bénéficiaires. Les Sumériens honoraient leurs dieux dans des temples, édifices considérés comme étant les résidences divines. Leur aspect sacré était indiqué par leurs noms cérémoniels : le grand temple d'Enlil à Nippur était la « Maison-montagne » (é-kur), celui d'Inanna à Uruk la « Maison du Ciel » (é-anna), celui de Nanna à Ur la « Maison de la grande lumière » (é-kiš-nu-gal), etc. Les autres parties des sanctuaires (chapelles, portes, cuisines, ziggurats, etc.) pouvaient également se voir parées d'un nom sacré. Les souverains mettaient un point d'honneur à construire et entretenir ces édifices, également célébrés par des hymnes vantant leur magnificence.
Le clergé sumérien était très hiérarchisé et différentes catégories de prêtres étaient distinguées dans. Les sanctuaires les plus importants avaient généralement à leur tête un grand prêtre ou une grande prêtresse, couramment issu d'une lignée royale, comme la princesse Enheduanna à Ur, fille de Sargon d'Akkad.
Les spécialistes des rituels accomplis dans les temples étaient nombreux : des purificateurs chargés de l'entretien des objets et lieux de culte, des lamentateurs, chantres et musiciens qui intervenaient dans de nombreux rites pour réciter des hymnes et les accompagner en musique. Une autre catégorie de personnel impliquée dans le culte s'occupait de la préparation des offrandes : cuisiniers, boulangers, brasseurs, menuisiers, orfèvres, etc. Un clergé féminin existait également. Ces desservants étaient rémunérés de la même manière que les autres personnes employées par les institutions, à savoir par la distribution de rations (notamment celles issues des offrandes comme vu plus haut) et de terres de service. D'autres spécialistes étaient chargés de rituels d'exorcisme et de magie qui pouvaient être accomplis en dehors des temples : ils étaient exécutés pour guérir des maladie et repousser des démons.
B. Croyances et pratiques funéraires
Les Sumériens se faisaient une idée très sombre du sort qui les attendait après leur trépas : les Enfers étaient vus comme un monde souterrain dans lequel les défunts ne connaissaient pas de réconfort, la mort est décrite comme une fatalité, en des termes très misérables, même dans le cas de défunts de haut rang comme dans le récit de la Mort du roi Ur-Nammu, qui comporte de longues lamentations sur le sort de celui-ci, qui pourtant parvient à connaître un sort meilleur que les autres trépassés grâce aux nombreuses offrandes qu'il apporte aux divinités des Enfers. Parmi celles-ci se trouvent la déesse Ereshkigal, son conjoint le dieu Nergal, couple dirigeant le monde infernal, les dieux Gilgamesh, Dumuzi, Ninazu, Ningishzida.
Les quelques sites funéraires fouillés, avant tout le « cimetière royal » d'Ur contenant plus de 1 800 tombes de différentes périodes du IIIe millénaire, mais aussi Khafadje, Abu Salabikh, également Kish, indiquent que les morts étaient inhumés. Ils pouvaient être enterrés sous leurs résidences dans quelques cas, mais la plupart l'étaient dans des nécropoles situés à l'extérieur des murailles des villes. Les tombes sont généralement des fosses simples, plus rarement doubles ou triples voire plus, parfois dans des tombeaux voutés. Les cadavres sont enveloppés dans des nattes ou parfois placés dans des cercueils.
Les anciens Sumériens se devaient d'honorer leurs morts par le biais d'un culte des ancêtres, constitué de rituels d'offrandes, comme ceux appelés ki-a-nag bien connus pour l'époque d'Ur III. Tous les membres de la société étaient tenus de sacrifier à leurs ancêtres, en premier lieu les fils envers leurs pères défunts. Le récit Gilgamesh, Enkidu et les Enfers, décrivant sort des défunts, dit que ceux qui ont beaucoup de fils ont un meilleur sort car ils reçoivent de nombreux présents, tandis que ceux morts sans héritier vivent dans un grand désespoir. Par ailleurs, les calendriers cultuels des villes de Sumer comprenaient des fêtes dédiées aux esprits des ancêtres, ayant lieu en été, période vue comme propice à la rencontre des mondes des vivants et des morts ; un de ces rituels collectifs connu pour Nippur (la « fête des spectres ») voyait l'allumage de torches censées guider les défunts vers les demeures de leurs descendants où ils restaient le temps de la célébration.
Bref, comme on vous le dit à chaque fois : commencez à penser par vous même, libéré de la religion et des médias.

Ruines du site de l'antique Umma, où ont eu lieu de nombreuses fouilles clandestines visibles par les fosses qu'elles ont laissé.

Photographie aérienne du quartier sacré d'Ur durant le fouilles britanniques en 1927

Le souverain, assis sur son trône, dirige un banquet

Galet portant une inscription commémorative du roi En-anatum Ier de Lagash, célébrant la construction d'un temple. (British Museum)

Tablette provenant d'Uruk et datée de la période d'Uruk III ( -3200-3000) enregistrant des distributions de bière depuis les magasins d'une institution. (British Museum)

« Badge » en argile d'identification d'un officier de Lagash « affecté au bastion du mur d'enceinte », sous le règne d'Urukagina, -2350. (Musée du Louvre)

Bas-relief fragmentaire en stéatite dédié à la déesse Ninsun, période néo-sumérienne ( -2200/-2000, musée du Louvre).

Tablette juridique (contrat de vente d'un champ et d'une maison, Shuruppak vers -2600 ans

Serviteurs conduisant des bovins et des caprins (sans doute destinés à des sacrifices), détail de l'étendard d'Ur.

Poteries réalisées au tour (à droite) et écuelles à bords biseautés moulées à la main (à gauche).

Tablette comprenant un mythe sumérien sur les origines du monde, dans l'introduction du tenson Arbre et roseau, musée du Louvre.

Fragment de vase en chlorite représentant la déesse Nisaba, Girsu, Pergamon Museum, -2450

Empreinte de sceau-cylindre de la période d'Akkad représentant un groupe de divinités identifiables par leur tiare à corne et leurs attributs : de gauche à droite, Inanna ailée, Utu surgissant d'une montagne, Enki avec les flots jaillissant par-dessus ses épaules, et son vizir le dieu aux deux visages Isimud.

La « face de la paix » de l'Étendard d'Ur, représentant une scène de banquet cultuel, - 2500

Plaque votive en or célébrant la construction d'une estrade pour le dieu Shara par la reine Bara-irnun d'Umma, musée du Louvre.